Lancé en octobre 2011 et répondant à un appel à projet du ministère de l’industrie, Vigisanté est un programme de télémédecine incluant le dépistage, l’accompagnement et le suivi à domicile des personnes hypertendues, en relation avec les médecins traitants. Retour sur ce projet très prometteur.
L’hypertension artérielle concerne 10,5 millions de personnes en France, ce qui en fait la pathologie cardiovasculaire la plus fréquente en France, avec près de 23% de la population de plus de 18 ans atteinte. En outre, la CNAMTS estime qu’il existe 7 millions d’hypertendus non traités ou non dépistés. Cette maladie chronique et les facteurs de risques qui y sont associés constituent donc un enjeu majeur de santé publique.
La Région Nord-Pas de Calais est encore plus touchée, avec une mortalité liée aux maladies cardiovasculaires de 50% plus élevée que la moyenne française. C’est en réponse à ce risque que le programme expérimental Vigisanté a vu le jour, à l’initiative de plusieurs Groupes de protection sociale.
Partant du constat que le traitement de l’hypertension artérielle passe autant par un suivi médicamenteux que par une amélioration de l’hygiène de vie des patients, le programme Vigisanté se présente comme un dispositif global, associant dépistage, accompagnement et le suivi à domicile des personnes hypertendues, en relation avec les médecins traitants.
Concrètement, les patients qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un dépistage réalisé par une infirmière du programme Vigisanté, qui procède à un électrocardiogramme (ECG), celui-ci étant interprété à distance par téléconsultation. A la suite de cette téléconsultation, le patient peut intégrer le programme à proprement parler, et bénéficier entre autres, d’un suivi par dispositifs médicaux communicants installés chez lui, en l’occurrence un autotensiomètre, un pilulier électronique et un pèse-personne. Les paramètres recueillis par ces équipements sont analysés à distance par le médecin traitant de la personne hypertendue, par télésurveillance médicale.
L’originalité du programme réside dans ses instigateurs : trois groupes de protection sociale (Prévoyance, Santé, Retraite), Malakoff Médéric, Vauban Humanis et D&O, qui proposent des contrats collectifs à certaines entreprises, ont créé la société anonyme simplifiée (SAS) « VigiSanté », en relation avec le CTIP (Centre Technique des Institutions de Prévoyance), pour répondre à l’appel à projets « Développement de services numériques pour la santé et l’autonomie »lancé par le ministère de l’industrie dans le cadre des « Investissements d’avenir ».
Soutenu par la CNAMTS et l’Agence Régionale de Santé (ARS) du Nord-Pas-de-Calais, le suivi du programme par l’institution régionale a fait l’objet d’un contrat spécifique signé le 24 novembre dernier par le Directeur Général de l’ARS et Vigisanté, conformément au décret du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine. Ce contrat permet à l’ARS de s’assurer que le dispositif est conforme aux exigences réglementaires et aux orientations du programme régional de télémédecine (PRT) élaboré par l’ARS. Il prête une attention toute particulière à des aspects tels que la qualification des actes de télémédecine, la qualification des professionnels de santé qui interviennent dans le programme, au respect des droits des patients ou encore la conformité du dispositif technique.
Le projet Vigisanté associe en outre, dans sa mise en œuvre opérationnelle, deux PME spécialisées dans les technologies innovantes (Inovelan et Parsys), une plate forme médicalisée d’accompagnement des patients (Europ Assistance) et deux laboratoires de recherche et d’évaluation (Inserm U936 et Telecom Bretagne). De fait, le programme Vigisanté est proposé aux salariés des entreprises disposant d’un contrat collectif, et le dépistage par les infirmières se fait sur le lieu de travail, en coordination avec les médecins du travail.
Le programme est déployé de manière expérimentale sur une population d’environ 1000 patients suivis pendant 18 mois, et sera évalué par les équipes de recherche de l’INSERM et Telecom Bretagne. Cette évaluation mesurera les aspects économiques, médicaux, organisationnels et technologiques, ainsi que les aspects liés à la qualité des soins et à la satisfaction des acteurs. Elle permettra également d’établir un bilan comportemental des praticiens et salariés du programme, d’évaluer la pertinence des hypothèses posées et l’efficacité du programme en termes de gestion du risque lié à l’hypertension.
Sources : esante.gouv.fr, DGOS et Groupe Malakoff – Médéric
Pour plus d’informations :
http://www.industrie.gouv.fr/tic/tic-sante/pdf/vigisante.pdf
https://www.programme-vigisante.fr/
http://www.malakoffmederic.com/groupe/blobs/medias/s/1cd5d6c41ec00319/communique-presse-vigisante.pdf